Les ONG Religieuses font entendre leurs bases aux Nations-Unies

L’ONG Congrégations de St. Joseph était l’une de celles qui organisèrent un événement parallèle le 30 janvier 2018, pendant la 56ème session de la Commission pour le Développement Social (CSocD56), qui eut lieu au siège de l’ONU à New York, du 29 janvier au 7 février 2018. “Faire le lien entre Développement et Droits Humains pour éradiquer l’extrême pauvreté : Stratégies pour mettre en oeuvre l’Agenda 2030’’, tel était le thème de cet événement,co-sponsorisé avec la Mission Permanente d’Observation du Saint Siège à l’ONU et 9 autres ONG : Augustiniens International, Fondation Proclade Internationale–Onlus, Franciscans International, International Présentation Association, Passionistes International, Fédération des Sœurs de la Charité, Sœurs de Notre Dame de Namur, Société des Catholic Medical Missionnaires et l’ONG Comité sur la Migration.

“La Protection Sociale” comme stratégie clé pour lutter contre l’exclusion économique, tel était le message central de l’événement parallèle. Les intervenants insistèrent sur les droits humains et le travail des organisations religieuses pour combattre mondialement l’extrême pauvreté. Selon eux, des communautés ayant une cohésion sociale vigoureuse ont démontré qu’elles pouvaient accélérer un développement durable, tout en respectant la dignité de chaque personne. L’événement s’est surtout concentré sur le thème prioritaire de CSocD56: “Stratégies d’éradication de la pauvreté pour parvenir à un développement durable pour tous.”

Soeur Justine Gitanjali Senapati, csj, Représentante des Congrégations de St. Joseph à l’ONU, et qui a participé à l’animation de l’événement, commença par un moment de silence en l’honneur de plus de 700 millions de personnes à travers le monde, qui vivent avec moins de 1dollar 90 par jour, ce qui définit l’extrême pauvreté selon la Banque Mondiale.
Monseigneur Tomasz Grysa, Premier Conseiller de la Mission Permanente d’Observation du Saint Siège à l’ONU, dit, au nom de l’Archevêque Auza que, le fait que les Communautés religieuses jouent un rôle essentiel dans le développement durable est mis en œuvre d’une façon éthique. Il dit à ceux qui étaient là : “Il est capital que les leaders religieux, les Communautés et les croyants (comme tous ceux qui sont représentés aujourd’hui) aident à entretenir, avec courage et persévérance, ce que nous pourrions appeler l’“âme” ou “conscience” de l’agenda de développement durable. . . Tout comme ce qui est bon risque toujours d’être mal utilisé, si nous éliminons de nos délibérations ces questions plus profondes sur le pourquoi, derrière le quoi du développement durable, alors les énormes infrastructures du développement international, pourraient finalement être utilisées, dans certaines circonstances, pour saper le développement lui-même et la paix qu’elles devraient promouvoir”

Le Père Ajaya Kumar Singh, qui était aussi l’un des intervenants, cette année, au Forum de la Société Civile, parla de la vulnérabilité des communautés de l’Est de l’Inde où il travaille comme Directeur du Forum Régional d’Odisha, pour l’Action Sociale. Lui, qui a expérimenté la pauvreté, et qui a une connaissance directe des groupes vulnérables tels que les membres des Tribus, les Dalits et les minorités religieuses, a soulevé la question des situations critiques et complexes de l’Inde. Il a précisé : alors que le pays a de nombreuses politiques pour promouvoir le développement économique, le système des castes, dans la société, empêche la mise en pratique de beaucoup de ces politiques. Il a insisté sur le besoin capital d’une cohésion sociale et culturelle pour le développement humain. “Vous ne pouvez pas vous contenter de perspectives économiques, ” “C’est une question de dignité humaine, de droits humains et de respect de l’être humain.”

Dans L’Asie du Sud-est, les Soeurs de la Charité favorisent ce qui est nécessaire au développement économique et humain au moyen de coopératives communautaires, qui donnent une formation professionnelle et des microcrédits dans la communauté. Leur Représentante à l’ONU, Soeur Teresa Kotturan, nous a partagé le parcours d’une femme nommée Sabitri, qui a rejoint la coopérative des femmes dirigée par les Sœurs de la Charité, s’est formée à l’apiculture et a obtenu un prêt pour acheter une petite maison. Elle a enseigné son métier à son mari et l’a formé pour diriger sa champignonnière. L’association de leurs compétences a permis à leur famille de prendre rang parmi les fermiers les plus prospères du Népal. “Le plus important c’est d’accompagner les gens” dit Soeur Kotturan. “Nous les accompagnons pour qu’ils deviennent les décisionnaires, et puissent prendre leur destinée en mains.”

Le Père John Rausch, économiste et missionnaire, qui travaille avec les Communautés appauvries des Appalaches au Kentucky et en Virginie, a souligné que le développement authentique ne se limite pas à l’accès à l’essentiel comme nourriture, vêtements, eau et abri, mais qu’il comprend aussi un sentiment d’appartenance. “Mon travail c’est le développement des gens,” dit-il. “Cela implique aussi de promouvoir l’appartenance à quelque chose qui les propulsera dans une vie meilleure. ”

Soeur Elsa Muttathu, de la Présentation de la Bienheureuse Vierge Marie, nous montra un court documentaire vidéo, qui souligne les réussites de 24 familles en Zambie, où sa communauté exerce un apostolat, en utilisant des coopératives villageoises. Les sœurs favorisent non seulement le bien-être économique, mais des pratiques durables qui respectent l’environnement et s’apprennent à longueur de vie. Par exemple, si pour une quelconque raison il faut abattre un arbre, les familles doivent le remplacer par deux arbres. Autre exigence: pour que des familles obtiennent des terres sur la coopérative, il faut que leurs enfants reçoivent une instruction. Pour de nombreux pays, des préjugés culturels profondément enracinés, peuvent être des obstacles au progrès économique.

Marina El Khoury, Représentante à l’ONU pour Franciscans International et qui facilita la discussion, a expliqué qu’il faut que les coopératives communautaires soient une stratégie majeure dans le développement économique. “Elles mettent la personne au cœur de ce que signifie éradiquer la pauvreté”.

L’objectif de cet événement parallèle était de faire entendre aux Nations Unies la voix de la base, de montrer les efforts faits et les initiatives prises. C’est pourquoi l’événement a présenté quelques stratégies employées dans certains pays : Inde Orientale, Népal, Zambie et Amérique de l’Est.